Aux origines de Free Music européenne
l’Allemagne a occupé, depuis le milieu des années 60, une
place de choix.
Paul Lovens, batteur percussionniste depuis l’âge de 14 ans,
est une incarnation emblématique de ce rôle pionnier.
Depuis 1969 il s’est produit presque exclusivement comme
improvisateur, avec la plupart des musiciens leaders de la
scène
internationale dans le domaine du free jazz et de
l’improvisation libre.
Au rang des grandes formations auxquelles il a participé
régulièrement,
on peut citer le Globe Unity Orchestra, le Berlin Contemporary
Jazz Orchestra,
la Company de Derek Bailey. Mais il a manifesté tout au long
de son activité
une préférence marquée pour le travail sur l’improvisation
avec de petits ensembles
comme en témoigne sa longue participation au Schlippenbach
Trio / Quartet
avec Peter Kowald et Evan Parker. Impliqué dans des projets de
films de danse et de théâtre,
il a fait des tournées dans plus de quarante pays,
fondé une coopérative de musiciens et créé en 1976 son propre
label de disques Po Torch.
L’improvisation libre a su,
encore en Allemagne, trouver des successeurs aux premiers
acteurs toujours en activité,
tels Peter Brôtzmann ou Connie Bauer, avec une génération de
musiciens plus jeunes, devenus des références comme Axel
Dôrner .
Thomas Lehn fait partie de
cette « deuxième vague».
C’est à lui qu’on doit en grande partie l’abolition du
« mur » entre instruments classiques et lutherie
électronique.
Son style d’expression musicale prend ses racines dans
l’expérience d’un large éventail des champs musicaux.
Après une formation en tant qu’ingénieur du son, il étudie
le piano classique et jazz à Cologne et donne des concerts
depuis 1982.
Il joue à la fois des oeuvres contemporaines et des musiques
traditionnelles de la période romantique et classique.
En 1989, il fonde le Trio Dario et, quatre ans plus tard, le
Mengano Quartett.
Il joue également dans le Nova Ensemble Wuppertal qui se
concentre sur l’avant-garde contemporaine.
Parallèlement à son travail de pianiste, il a développé son
langage individuel d’interprète et
d’improvisateur dans la musique
électronique « live ».
Son équipement électronique se compose des synthétiseurs
analogiques de la fin des années soixante.
Les moyens de ces instruments - notamment la possibilité de
modifier le son électrique d’une manière directe,
et de combiner et contrôler plusieurs paramètres à la fois -
permettent à Thomas Lehn d’agir spontanément
et de réagir en étroit contact avec le processus de tension
créatrice de la musique pendant qu’il la joue.
Il a collaboré avec Gerry Hemingway, Marcus Schmickler, Dr
Eugène Chadbourne, et Mats Gustafsson.
Il a également joué avec John Butcher, Axel Dörner, Tim
Hodgkinson, Radu Malfatti, Roger Turner et Evan Parker.
Enfin, Thomas Lehn participe au MIMEO, le Music in Mouvement
Electronic Orchestra,
qui regroupe douze représentants de la musique contemporaine
électronique de sept nations européennes.
Il est également membre de l’ensemble ]h[iatus de Le Quan Ninh
et Martine Altenburger..
Avec Lovens, Lehn a trouvé
un partenaire de choix. Comme dit dans la présentation d’un de
leurs précédents concerts :
« Toute leur musique est traversée d’un swing
sous-jacent. D’une sorte de torsion du temps qu’ils rendent
élastique.
Les résonances des cymbales répondent aux fréquences du
synthétiseur,
les coups de boutoir électriques trouvent un allié de choc
dans l’attirail percussif de la batterie.
Épileptiques, impatients, trépidants…, les qualificatifs ne
servent plus à grand chose lorsque l’on a affaire à des
musiciens de cette dimension »